Émilie Bruand et l’étude de la Terre ancienne

Publié par CNRS Bretagne et Pays de la Loire, le 18 février 2025   35

Entre 4 et 2,5 milliards d’années, c’est sa période préférée. Émilie Bruand, chargée de recherche du CNRS au laboratoire Geo-Ocean (GO, CNRS/Ifremer/Université de Bretagne Occidentale), scrute ainsi les plus anciennes traces géologiques de l’histoire de la Terre, notamment grâce à des minéraux plus résistants que les autres : apatite, titanite ou zircon.

A l'occasion de la journée internationale des femmes et filles de sciences, le 11 février 2025, et jusqu'à la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2025, découvrez la diversité des recherches menées par les scientifiques du CNRS à travers une série d'entretiens. Cette opération est labellisée Année des Géosciences 2024-2025.


 

Quel est votre parcours ?

J’ai suivi un master spécialisé sur les magmas et les volcans, avant d’obtenir mon doctorat à Graz, en Autriche. J’y ai étudié la formation d’une chaîne de montagne du sud de l’Alaska : les Chugach Mountains. J’ai ensuite effectué deux postdoctorats au Royaume-Uni, à Portsmouth et à Oxford, où j’ai commencé à m’intéresser à l’évolution de la croûte continentale et à la formation des premiers continents de notre planète.
Je suis revenue en France en tant que postdoc avant d’obtenir l’année suivante, le concours de chargée de recherche au Laboratoire magmas et volcans (LMV, CNRS/IRD/Université Clermont Auvergne), puis je suis arrivée à Brest en 2022 au laboratoire Geo-Ocean.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’aller vers les sciences et la recherche ?

C’est clairement grâce à ma professeure de SVT en cinquième, qui aimait beaucoup la géologie. Elle avait organisé, avec le professeur de latin, un voyage à Naples pour découvrir Pompéi et le Vésuve. Mais c’est une fois à l’université que j’ai vraiment considéré la recherche, car je voulais au départ faire un master pro.

Quels sont vos thèmes de recherche ?

Je m’intéresse principalement à la Terre ancienne, c’est-à-dire celle d’il y a entre 4 et 2,5 milliards d’années. La Terre est la seule planète du système solaire à avoir une tectonique des plaques, ce qui signifie qu’une partie de sa croûte est recyclée en permanence. À cause de cette dynamique spécifique à la Terre, et de l’érosion importante sur notre planète, nous n’avons pas d’échantillon de roche plus ancien que quatre milliards d’années, alors que notre planète est vieille de 4,5 milliards d’années.

J’étudie les meilleurs indices qu’il nous reste : des minéraux plus résistants que les autres. Ils se nomment zircon, apatite ou titanite. Bien que plus petits qu’une tête d’aiguille à coudre, l’érosion les a mêlés à des sédiments plus jeunes, que l’on retrouve sur tous les continents.

Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans votre discipline ?

En géologie on doit être autour d’un tiers d’étudiantes et de chercheuses, mais je sais que cela dépend des pays. Lors de mon doctorat en Autriche par exemple, les thésardes étaient majoritaires, mais il n’y avait aucune femme aux postes de recherche. Heureusement, le CNRS fonctionne différemment.

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